Les effets potentiels des changements climatiques sur la rivière des Outaouais

La 21e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques arrive à grands pas et les changements climatiques sont sur toutes les lèvres.

Rédigé par Adèle Michon

Les changements climatiques, qui peuvent s’exprimer par une hausse des températures, un changement de précipitations et par des évènements climatiques extrêmes, affecteront la rivière des Outaouais ainsi que notre capacité d’y nager, pêcher et boire de son eau.  

À notre connaissance, il n’y a, à ce jour, aucune étude des effets des changements climatiques sur le bassin versant de la rivière des Outaouais. En d’autres mots, nous ne savons pas quels seront les impacts des changements climatiques sur la rivière des Outaouais. Des études partielles réalisées en Ontario et au Québec nous donnent quand même des indications intéressantes sur ce que nous pourrions nous attendre à une vivre dans notre bassin versant.

Des orages plus intenses 

Les changements climatiques amèneront un changement dans la température et les précipitations. Pour une même quantité de précipitations, il y aura moins de faibles pluies et plus d’orages violents. Ces grandes quantités de pluie pourraient causer des inondations, particulièrement là où les milieux humides ont été remblayés avec le temps et ou les bandes riveraines sont dénudées. En milieu urbain, les orages poseront un défi important aux infrastructures municipales de traitement des eaux, car elles ne sont pas conçues pour recevoir de grandes quantités de pluie à la fois.

Les études indiquent que les crues printanières seront plus hâtives, mais moins intenses, alors que les crues estivales et automnales seront plus élevées. Le bassin versant de la rivière compte une cinquantaine d’ouvrages de retenue des eaux. Ces barrages peuvent modérer les changements des niveaux d’eau, mais seulement jusqu’à un certain point. À notre connaissance, aucune étude de vulnérabilité des infrastructures de retenue des eaux aux changements climatiques n’a été réalisée.

Des étés plus chauds et secs 

Une augmentation de la température de 0-1C est prévue en été pour le sud du bassin versant, et de 1-2C pour la région plus au nord. Les étés étant plus chauds et secs, il risque d’y avoir plus de périodes de sécheresse comme celle de 2012. Les périodes d’étiage seront donc plus sévères et plus longues, ce qui veut dire qu’il y aura moins d’eau dans la rivière, les lacs et étangs. En conséquence, moins d’eau sera disponible pour les industries comme l’hydroélectricité, pour l’eau potable, pour les activités récréatives et pour les habitats aquatiques.  

Changements pour la faune et la flore

Les changements de température de l’eau, de la période de crue et une détérioration de la qualité de l’eau affectera la composition des plantes et la capacité de reproduction et de se nourrir des poissons. De plus, alors que les espèces en péril, comme le touladi, seront encore plus vulnérables, les espèces envahissantes, comme la moule zébrée et le myriophylle à épi, ainsi que les maladies des poissons et les algues bleues se verront favorisées.  

Détérioration générale de la qualité de l’eau

Tout porte à croire que la qualité de l’eau se détériorera à cause des changements climatiques. D’une part, la température de l’eau risque d’augmenter, ce qui favorise la présence d’algues, de cyanobactéries et de micro-organismes. Les avis d’ébullition de l’eau ou de non consommation risquent donc d’être plus fréquents. D’autres part, les orages plus intenses augmenteront le ruissellement urbain et donc la quantité de contaminants (huiles, engrais de pelouse, pesticides agricoles, etc.) qui est amenée aux cours d’eau. Les égouts municipaux risquent de déborder beaucoup plus fréquemment, ce qui entrainera la fermeture des plages en aval.

Recommandations clefs pour les décideurs

Nous avons besoin que nos deux provinces s’unissent pour modéliser des scénarios de changements climatiques pour notre rivière – comment les municipalités peuvent-elles se préparer si elles ne savent pas à quoi se préparer? Quelques recommandations essentielles face à l’incertitude :

1 – Nous devons conserver les milieux humides et les bandes riveraines à tout prix. Leur végétation agit comme des éponges, elle absorbe l’excédent d’eau, pour le relâcher progressivement, ce qui réduit les inondations en aval et protège nos maisons. Elle aide également à purifier l’eau et à la décontaminer.

2 – Nous devons travailler à réduire l’impact des orages intenses sur la qualité de l’eau, et ce, en augmentant notre capacité de stockage des eaux usées (réservoirs, canalisations), en augmentant la capacité d’infiltration du sol en milieux urbain (moins d’asphalte), et en éliminant les surverses d’égouts combinés.

3 – Nous devons investir dans les mesures incitatives aux citoyens et les énergies vertes. Certaines mesures préventives peuvent être mises en place pour atténuer les risques de surplus d’eau de pluie en favorisant l’utilisation résidentielle de barils récupérateurs d’eau et en limitant le rejet résidentiel des eaux de gouttière. Investir dans les énergies vertes permettra également de réduire nos émissions de gaz à effet de serres, qui sont à la source du réchauffement planétaire. Ce sont des petits gestes qui font une différence lorsque faits en grands nombres.

Sources 

Québec : http://www.cehq.gouv.qc.ca/hydrometrie/atlas/atlas_hydroclimatique_2015.pdf  

Ontario : http://www.ontario.ca/fr/page/le-changement-climatique-et-les-ressources-naturelles