Aidez à sauvegarder ces jolies demoiselles

Nous savons que nos anguilles ne gagneraient pas un concours de beauté, mais leur protection dans la rivière des Outaouais est vitale à notre bassin versant et à la survie globale de ce poisson extraordinaire.

Quand viendra le temps de répondre à la Stratégie de rétablissement de l’anguille américaine (en anglais seulement) du Gouvernement de l’Ontario, faites-leur savoir que la beauté n’est pas qu’une affaire de peau. Vous voulez des anguilles d’Amérique dans la rivière des Outaouais.

Ce que vous devez savoir

1. Les anguilles étaient naguère abondantes dans la rivière des Outaouais.
L’anguille représentait plus de 50 % de la biomasse totale de poissons dans la rivière des Outaouais. En d’autres mots, si l’on pesait tous les poissons de la rivière des Outaouais, les anguilles représenteraient la moitié du poids mesuré. Les aînés autochtones et les récits des premiers colons racontent que la rivière chatoyait d’anguilles argentées pendant la période de migration. Dans la seule année 1932, les pêcheurs commerciaux du district de North Bay de la rivière de l’Outaouais ont récolté plus de 4000 kg d’anguille.

Aujourd’hui, les pêcheurs et les scientifiques ont un récit bien différent à partager. La dernière prise d’anguille documentée dans le parc Algonquin remonte à 1936. L’anguille est disparue du haut Mississippi dans les années 1940; cette disparition coïncide avec la construction d’un barrage hydroélectrique près de High Falls. On n’a vu aucune anguille dans le lac Calabogie depuis la fin des années 1970. De plus, elle est considérée comme disparue localement à Round Lake, Golden Lake et dans la rivière Bonnechere en amont de la station de production d’énergie de Renfrew. Quant à la prise de 4000 kg d’anguille dans le district de North Bay, pas une seule anguille n’a été prise ou même vue en amont du barrage de Rolphdon depuis bon nombre d’années.

Eels work hard to get into the Ottawa River.2. Les anguilles travaillent fort pour se rendre à la rivière des Outaouais.
Toutes les anguilles d’Amérique commencent leur vie dans la mer des Sargasses, où les adultes retournent pour le frai. Elles dérivent dans le Gulf Stream sous forme de minuscules larves transparentes pendant environ une année avant de se transformer en de petites anguilles «bébés » appelées anguillettes. Celles-ci deviennent finalement plus foncées; on les appelle alors des civelles. Les petites civelles remontent le fleuve Saint‑Laurent jusqu’à la rivière des Outaouais. En tout, les jeunes anguilles qui réussissent à franchir les obstacles que posent les prédateurs, les barrages et la pêche à l’anguillette auront parcouru plus de 5000 km pour atteindre nos rivages.

3. Toutes nos anguilles sont des femelles.
Toutes les anguilles de la rivière des Outaouais, ainsi que celles du réseau du Saint-Laurent et du lac Ontario, sont des femelles. En outre, elles deviennent plus grosses que toute autre anguille d’Amérique, ce qui en fait une population d’anguilles extrêmement importante au niveau global. Étant donné que les grandes femelles produisent exponentiellement plus d’œufs que les femelles plus petites, elles contribuent beaucoup plus de petits à la population globale. La disparition de nos « demoiselles » de la rivière des Outaouais pourrait donc avoir un impact dévastateur sur la survie de l’espèce au complet.

4. Nos anguilles ont besoin de votre aide.
Nous appuyons les recommandations émises dans l’ébauche de la Stratégie de rétablissement de l’anguille. La mise en œuvre des recommandations de cette stratégie aiderait grandement à protéger les populations d’anguilles locales aussi bien qu’à travers leur aire de répartition.

Sentinelle Outaouais a envoyé une lettre au ministère des Richesses naturelles pour appuyer la Stratégie de rétablissement de l’anguille d’Amérique.

Nous croyons que :

1. Nous n’avons aucun temps à perdre.
L’avenir de cette espèce est tellement précaire qu’il faut agir immédiatement pour protéger nos anguilles. Ce qui importe le plus, c’est d’assurer que les anguilles peuvent migrer dans notre bassin versant en nombres suffisants pour soutenir une population saine et durable. Nous reconnaissons que, vu l’absence actuelle de passes migratoires fonctionnelles sur nos 50 barrages, cela prendra du temps de concevoir des solutions, alors nous ferons mieux de nous y mettre… avant qu’il ne soit trop tard.

2. Nous avons besoin de l’engagement de tous les gouvernements.
Nos anguilles effectuent plus de 12 000 km en migrations au cours de leur vie, traversant de multiples juridictions. Pourtant, il s’agit d’une seule et même population. Nous avons besoin d’une stratégie de gestion internationale, multijuridictionnelle pour sauvegarder cette espèce en voie de disparition. Autrement dit, tout le monde doit s’impliquer, faire sa part et s’engager à un plan global pour protéger l’anguille.

3. Nous avons besoin de résultats de recherche et de connaissances traditionnelles autochtones pour orienter nos actions.
Quelle est la distribution actuelle d’anguilles dans le bassin versant de la rivière des Outaouais? Où sont situées les couches de boue où elles passent l’hiver? Combien d’anguilles reste-t-il dans la rivière des Outaouais? Ces questions ont toutes la même réponse : nous ne savons pas. Pourtant, pour protéger nos anguilles, nous devons connaître les réponses à ces questions, et le travail doit bénéficier d’un soutien adéquat.

4. Nous avons besoin d’une réglementation rigoureuse – appliquée! – pour assurer le passage des poissons aux nouveaux barrages ainsi qu’aux barrages en service.
Les anguilles doivent naviguer notre rivière et ses affluents vers l’amont afin de grandir et devenir de magnifiques femelles grandes et fertiles. Une fois qu’elles auront atteint la maturité, ces grandes femelles doivent de nouveau naviguer la rivière pour retourner à la mer des Sargasses, mais il n’y a aucune passe migratoire fonctionnelle ni autre moyen de passer par les 50 barrages de notre bassin versant. Bien qu’au moins certaines petites anguilles qui arrivent réussissent à passer par les barrages, bon nombre des grandes femelles qui retournent à l’océan sont tranchées en morceaux par les turbines hydroélectriques. Il nous semble que c’est une mort ignoble pour un animal qui a survécu pendant 10 à 20 ans dans la rivière des Outaouais.